« On devrait pouvoir s’habiller comme on veut »
Marie Florence
Centre social de Clichy-sous-Bois
Ma fille habitait à Paris, mais c’est une ville chère pour se loger. Elle a donc décidé de déménager en banlieue proche. Après beaucoup de recherches, elle a trouvé un petit studio, à côté d’un cinéma de quartier fréquenté par des groupes de jeunes. Ma fille est une femme moderne qui s’habille de façon originale, mais sans provocation.
Chaque soir pourtant, et parfois la journée, elle subissait des insultes ou des propos indécents formulés à son encontre quand elle marchait dans sa rue.
Au début, elle n’y prêtait pas attention. Elle avait décidé de ne pas répondre. Mais les insultes étaient de plus en plus fréquentes, et ce quotidien devenait pesant pour elle. Elle répondait de plus en plus aux insultes, mais vivait dans la peur d’être suivie ou attaquée physiquement. Elle continuait à s’habiller comme avant car elle ne voulait pas changer son apparence pour eux. Lasse, elle a même pensé un jour à prendre des vêtements dans son sac pour se changer avant le travail, mais avait décidé que c’est trop contraignant, absurde et injuste.
Mais un soir, ces hommes l’ont agressée physiquement. Et elle a eu très peur. Lorsqu’elle est allée déposer plainte, les policiers ont laissé sous-entendre que c’était un peu de sa faute s’il y avait eu agression : elle n’avait qu’à s’habiller avec des vêtements plus longs qui cachent davantage son corps.
Si même au commissariat, les flics et la justice ne la soutiennent pas, qu’est-ce qu’on peut faire ? Si elle était restée sur le carreau ou si elle avait fini à l’hôpital, auraient-ils continué à dire : « C’est de sa faute, elle avait un short ou un décolleté » ?
Ma fille était furieuse et elle a décidé de repartir habiter à Paris. Après six mois de bataille, et malgré le budget que ça représentait pour elle.
Juste pour avoir le droit de vivre comme elle le souhaite. C’est intolérable !
C’est fou d’avoir encore des problèmes avec des inconnus au sujet d’une tenue vestimentaire. On devrait pouvoir s’habiller comme on veut.
Aujourd’hui encore, les femmes ont du mal à vivre normalement sans se faire embêter. Un homme ne se fait jamais agresser parce qu’il a mis un jean ou un short…
A 20 ans, 40 ans ou 70 ans, une femme a le droit d’être seule, et d’être habillée comme elle le veut. Les femmes ont le droit de rentrer chez elles en paix, à n’importe quel moment de la journée ou de la nuit, et de ne pas être traitées de putain ou d’autre chose.