« La société réduit la femme »
Sana – Maroc
Mon dernier Macho Mouchkil, c’était hier.
J’avais un cours de sociologie rurale et notre prof, qui a fait une enquête sociologique dans un village, nous parlait d’une famille qui l’a hébergée. Elle a dit : « j’ai rencontré une grande dame ». Et un de mes camarades lui a bêtement demandé : « grande comment ? » Elle lui a répondu calmement : « Non, c’est une grande dame, c’est à dire que c’est une femme d’esprit. Une femme très sage et très posée, comme un grand homme… » Mais s’il s’agissait d’un homme, je sais très bien qu’il aurait compris le vrai sens du terme et imaginé quelqu’un de très expérimenté…Mais puisque là il s’agissait d’une femme, on l’associe automatiquement à son physique !
J’étais vraiment choquée ! (rires) Surtout venant d’un étudiant de Sciences Po, de quelqu’un qui devrait justement lutter contre ces stéréotypes et ces clichés. Tous ces propos-là rabaissent la femme. Ils sous-entendent que la femme est réduite à son corps, et à un seul rôle : s’occuper de l’homme, faire la cuisine et des enfants. Notre société réduit la femme et ne croit plus en ses compétences en tant qu’être penseur et pensant.
Dire aux autres comment la femme doit être considérée, c’est souvent perdre son temps… Je pense qu’il faut donner un exemple concret en fait, montrer de quoi on est capable, et c’est ce que je fais au quotidien. Parce que tout ce que je peux faire, c’est travailler sur moi-même, m’améliorer et développer mon esprit critique… Atteindre l’accomplissement intellectuel et prouver aux gens que moi aussi je peux être indépendante. Je n’ai pas besoin de mon père pour ça. Je n’ai pas besoin de tutelle intellectuelle pour que quelqu’un prenne des décisions à ma place.. Je suis capable de prendre du recul, de réfléchir et de décider moi-même de ma vie !