« Je ne suis pas mariée, j’ai des relations sexuelles,
et je ne suis pas une traînée »
Ibtissame – Maroc
Au Maroc, où les rapports hors mariage sont interdits, la société patriarcale voit d’un très mauvais œil les couples non mariés, d’autant plus lorsqu’ils vivent sous le même toit. Et dans ces cas-là, c’est toujours la femme qui est montrée du doigt.
Un jour, j’ai accepté avec mon mec de témoigner pour l’AFP à visage découvert de notre concubinage. Les conséquences ont été hallucinantes. On m’a cataloguée dans les médias et traitée de pute sur les réseaux sociaux. La femme, c’est forcément une « bouznikha », une « fille des rues » en darija (arabe marocain), en d’autres mots une trainée, et une fille qui n’est pas de bonne famille… Les remarques n’étaient jamais adressées à mon mec, c’est moi qui devais porter « cette honte ».
Dans la tête des gens, c’est aberrant, si les hommes ont le droit d’avoir une vie sexuelle, ils couchent bien avec des femmes, pas avec des chèvres… Non ? Pourquoi l’homme n’est-il pas mal vu si c’est péché ? Pourquoi laisse-t-on cet homme avoir une relation alors que l’autre, c’est une femme ? Même par rapport aux autorités, la loi prohibant les relations sexuelles hors mariage est beaucoup plus appliquée pour les femmes que pour les hommes. C’est une honte.