« J’ai l’habitude de me battre au quotidien »
Meredith – Etat-Unis
Parmi les dirigeants de la grande entreprise de télécommunications pour laquelle je travaillais, j’étais la seule femme. Aux Etats-Unis, c’est assez commun : très peu de femmes occupent les postes haut placés.
Et souvent, quand on se retrouvait en réunion avec les autres responsables, j’étais la seule femme. Et lorsque je voulais parler et apporter ma contribution, l’un des vice-présidents me coupait sans arrêt la parole, sans que personne ne le remette à sa place bien sûr. Jusqu’au jour où je ne pouvais plus le supporter. Lorsqu’il m’a interrompue une nouvelle fois, et qu’il s’est mis a parler, je l’ai coupé pour lui dire : « Blablabla… Excusez-moi, il semblerait que certaines personnes pensent que ma contribution enrichisse cette réunion, et c’est pour ça que j’y suis aussi conviée. Alors si cela ne vous dérange pas trop, j’aimerais finir ce que je disais, donner mon avis et exposer mes idées. » Grand silence dans la salle, tout le monde me dévisageait et le regardait.
Ce sont des réunions très conventionnelles, et les directeurs ne sont pas habitués à ce qu’on parle franchement de cette manière. Ils étaient choqués. Le vice-président en question a bredouillé des excuses en affirmant qu’il ne pensait pas de cette manière, et nous savions tous dans cette salle que c’était le cas. Il ne s’est jamais permis d’interrompre un autre directeur à cette table, c’est tabou de couper la parole à ses pairs… J’étais la seule avec qui il se permettait de faire ça, alors que j’avais la même fonction.
Après cela, il ne m’a plus jamais interrompue. Mais il a fallu que je mette les points sur les I moi même pour montrer que je n’étais pas simplement une femme qui parle, mais que j’exprimais des idées qui ont de la valeur.
En tant que responsable dans de grandes entreprises, j’ai pris l’habitude de me battre au quotidien et de travailler deux fois plus dur pour obtenir la même reconnaissance et les mêmes retours que mes acolytes masculins. Certains hommes, pas tous heureusement, pensent encore en 2016 que les femmes ne sont pas assez intelligentes pour apporter de la valeur ajoutée à l’entreprise, à la communauté ou à la société.