SALIMATU MUTARI, 25 ans (fille de Tashira Mutari)
Je suis une des quatre filles de la Magazia. Je suis arrivée il y a deux jours avec mes enfants.
Je connaissais le camp, mais je ne savais pas jusqu’à peu que ma mère était ici et avait été accusée de sorcellerie. Si j’avais su, on m’aurait mise à l’écart et rejetée. Par exemple, les autres enfants auraient refusé de jouer avec moi sous prétexte que ma mère est une sorcière. J’avais donc été confiée seule dans une ville du sud, à Ejura. Un jour, mon mari a appris que ma mère était une sorcière, il a demandé le divorce. Je suis partie avec mes deux enfants,Abubakari (le plus petit) et Abdel Hafis (en blanc). Je ne suis pas très triste, car je n’avais pas choisi mon mari, il m’a demandé en mariage, mais je ne l’aimais pas d’un véritable amour… S’il revenait me chercher, je refuserais. Je préfère rester ici. J’espère me remarier un jour, être avec quelqu’un qui puisse me donner un peu d’amour et prendre soin de moi.
Quand je suis arrivée ici, j’ai aussi découvert que j’avais deux sœurs que j’ignorais.
J’ai décidé de rester désormais ici avec ma mère pour le restant de mes jours et de l’épauler. Je ne travaille pas mais j’aide avec les autres femmes à chercher du bois et je participerai pendant la saison des pluies à la production de la ferme après les récoltes, principalement de mil, de mais et de haricots.
Au village, mon ex-mari m’avait appris à faire du savon. J’aimerais me procurer les produits nécessaires pour en fabriquer et apprendre aux autres femmes du camp pour que l’on puisse le vendre. Mais je n’ai pas les moyens de le faire pour l’instant.