KODUKK BIMUBA Originaire de KPAMALI

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KODUKK BIMUBA

 

Originaire de KPAMALI

Je suis ici depuis 15 ans. Je ne connais pas mon âge exact, mais je sais que je suis la plus âgée de ma tribu au camp.

Le fils du frère de mon mari était malade. Il est décédé sur le chemin de l’hôpital. Nous avons enterré mon neveu selon la tradition chrétienne. Quelques jours après, le père de cet enfant, mon beau-frère, est allé voir un guérisseur au petit matin. Il était persuadé que cette mort n’était pas naturelle et qu’il y avait un responsable. Cet homme et mon beau-frère m’ont désignée comme la coupable. Cet enfant n’a pourtant jamais mentionné mon nom. Cet homme me maltraitait déjà et en a profité pour m’accuser lâchement devant tous. Lorsque j’ai nié, il s’est jeté sur moi. D’autres personnes se sont lancé à ma poursuite mais j’ai pu fuir à temps. Lorsque j’ai voulu me réfugier dans le village de mon père, il était déjà trop tard : des personnes m’avaient suivie en m’accusant. Ils m’ont emmenée à Gambaga.

Je ne voulais pas y aller mais je n’avais pas le choix.

Ici, la vie me semble moins difficile que celle que je mènerais au village. Ici, contre le droit d’avoir un toit, je ramasse du bois dans le bush pendant la saison sèche et, pendant la saison des pluies, j’aide aux récoltes pour la communauté et le Gambarana. Je ne veux pas rentrer tant que mon fils ne viendra pas me chercher. Ils semblent qu’ils ne viendront pas, mais j’espère toujours.

En 15 ans, le camp a beaucoup changé. Les conditions de vie sont meilleures.

Je pense que la sorcellerie existe, mais je ne suis pas une sorcière, c’est certain.

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